10 avril 2012

"A nos souvenirs usés, à nos promesses insensées, nos secrets, à nos frivolités. Au spectacle qu'on leur a offert, à l'espoir qu'on s'est donné, à nos cicatrices condamnées, à notre frénésie. A toutes celles qui, à tous ceux qui, à vous tous qui. A nos discordes, à tes souhaits, à mes cauchemars et nos blessures. A nos heurts, à nos lamentations, à nos silences. A nos différences, à nos désirs avortés, à nos hostilités, à nos efforts stériles, à notre agonie. A nos célébrations, à notre sauvegarde affaissée. A nos misérables rappels et nos coups, à nos appels au secours et nos égarements. A toutes ces illusions, à nos fuites, à notre folie, à nos passions. A notre concordance, à nos malentendus, à notre irrégularité, à nos désaccords, à notre asymétrie, notre insuffisance, à notre confinement. A nos insouciances, à nos maux, à nos jeux de mains. A nos déchirures, à ces nuits blanches et ces jours obscurs. A nos sourires mensongers, nos causeries erronées, à nos pleurs celés. A nos danses efflorescentes, à notre allégresse égarée, à nos cruels regrets, à nos doux remords. A notre acharnement consommé. A ces mélodies éternelles, à nos fantômes invulnérables, à ces chiffres éphémères, à nos prétentions. A ces images obsolètes, à nos amères confidences. A ceux dont on s'éprendra, à ceux qui nous ont convoités. A notre perversion, à nos délicieuses douleurs, à nos retrouvailles révolues, à nos ennemis. A nos bien aimés, à notre trahison, à nos victoires. A cette belligérance qui n'est plus. A nos supplices, à nos sacrifices, à notre parfaite perplexité. A nos craintes, à nos méfiances, à nos psychoses, à notre haine. A nos titanesques inadvertances. A nos 'au revoir' et nos défectueux calculs. A notre mythique incompatibilité dont on se croyait préservés. A nos oublis, à nos incompréhensions, à notre bêtise. A nos faiblesses, à notre lâcheté, à ta jouissance et ma volupté. A notre débauche, à nos ardeurs interdites. A notre insolence, à nos belles défaillances, à notre arrogance. A nos crimes, à notre survie accomplie. A notre amitié. A notre massacre. A ceci cela. A tout ce qu'on a pris la peine de saccager, lentement, délicatement, avec soin. A ce qui ne sera plus. A nous."