4 décembre 2011

Parfois je me lève et l'espace d'un instant j'ai oublié



« Je pense que ça nous change pour toujours. On reste triste, on n’oublie pas, on passe juste à autre chose»
F.

Les priorités ne sont plus les mêmes, on vit dans la peur de manquer de temps, de ne rien laisser, de ne marquer personne, de ne pas avoir assez fait ou vécu.

Le sommeil est partiel, la vie une course. Je sillonne la France aussi vite que je le peux, créant des souvenirs comme si bientôt j’allais en manquer, voir les gens qui me manqueront et à qui j’espère manquer un jour. Je suis incapable de dire au revoir, je préfère dire adieu. Ils pensent certainement que c’est un jeu, pour moi c’est juste au cas où. Je ne me retourne plus.

Ils rigolent de mes insistances pour un instant grappillé, ils ne se rendent pas compte à quel point j’ai peur. Je suis terrorisée à l’idée d’empiler les galets dans ma vie.

Il y a des numéros qui m’effraient quand ils apparaissent. Je ne veux pas de « j’ai essayé de te joindre depuis une heure », je ne veux pas prendre mon lundi, je ne veux pas attendre 2H30 dehors sous la pluie à attendre que ce soit fini, avec cette puanteur, cette odeur de mort, je ne veux pas acheter de fleurs, je ne veux pas y retourner.

Et si jamais c’est eux qui auront à faire tout ça un jour, j’espère au moins que je leur manquerai.


S.