« Je pense que ça nous
change pour toujours. On reste triste, on n’oublie pas, on passe juste à autre
chose»
F.
F.
Les priorités ne sont plus les
mêmes, on vit dans la peur de manquer de temps, de ne rien laisser, de ne
marquer personne, de ne pas avoir assez fait ou vécu.
Le sommeil est partiel, la vie
une course. Je sillonne la France aussi vite que je le peux, créant des
souvenirs comme si bientôt j’allais en manquer, voir les gens qui me manqueront
et à qui j’espère manquer un jour. Je suis incapable de dire au revoir, je
préfère dire adieu. Ils pensent certainement que c’est un jeu, pour moi c’est
juste au cas où. Je ne me retourne plus.
Ils rigolent de mes insistances
pour un instant grappillé, ils ne se rendent pas compte à quel point j’ai peur.
Je suis terrorisée à l’idée d’empiler les galets dans ma vie.
Il y a des numéros qui m’effraient
quand ils apparaissent. Je ne veux pas de « j’ai essayé de te joindre
depuis une heure », je ne veux pas prendre mon lundi, je ne veux pas
attendre 2H30 dehors sous la pluie à attendre que ce soit fini, avec cette
puanteur, cette odeur de mort, je ne veux pas acheter de fleurs, je ne veux pas
y retourner.
Et si jamais c’est eux qui auront
à faire tout ça un jour, j’espère au moins que je leur manquerai.
S.
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